RENTREE LITTERAIRE JANVIER 2024
 » J’ai eu la chance et la malchance de naĂ®tre pendant la guerre, or les enfants nĂ©s dans une guerre sont particulièrement attentifs au malheur et Ă la difficultĂ© de la vie. Je me souviens très bien des bombardements, ma mère, ma grand-mère, mon frère et moi vivions Ă Nice Ă cette Ă©poque-lĂ .
Mon père Ă©tait mĂ©decin en Afrique. Nous Ă©tions sĂ©parĂ©s par la guerre. Il Ă©tait nĂ© sur l’Ă®le Maurice qui appartenait Ă l’empire britannique. Il avait Ă©tĂ© expĂ©diĂ© au Nigeria. Du cĂ´tĂ© de ma mère aussi, ils Ă©taient mauriciens, ils Ă©taient venus s’installer Ă Paris. Dans cette famille, on est alternativement prospères puis ruinĂ©s, on vient de pays diffĂ©rents mais on garde quelque chose en commun, j’y vois une espèce de goĂ»t pour l’aventure et une attirance pour ce qu’on peut apprendre en voyageant.
Je descends donc de toutes ces origines et je crois que j’ai hĂ©ritĂ© de ces traits familiaux. Mon identitĂ© est lĂ : c’est une identitĂ© nomade. «Â
J. M. G. Le Clézio