La philosophie, comme on sait ou croit savoir, parle grec, allemand et sans doute français, mais certainement pas babylonien ou sanskrit. L’Inde a Ă©tĂ© exclue du champ de la philosophie « proprement dite » vers la fin du XVIIIᵉ siècle. Depuis, des gĂ©nĂ©rations d’indianistes ont plaidĂ© en vain pour la rĂ©vision d’un procès mal instruit. Il est temps de congĂ©dier les clichĂ©s qu’entretient l’Occident sur l’Inde ancienne, censĂ©ment trop absorbĂ©e par sa religiositĂ© pour donner prise au concept. Vincent Eltschinger et Isabelle RatiĂ© ont choisi de diriger l’attention moins sur les traditions doctrinales que sur un choix de problèmes montrant les philosophes et les Ă©coles Ă l’oeuvre, dĂ©fendant leurs positions sur un mode polĂ©mique. L’accent placĂ© sur ces points de cristallisation du dĂ©bat indien – soi, autrui, monde et conscience, perception et vĂ©ritĂ©, rationalitĂ© et religion, langage, Dieu, etc. – constitue l’originalitĂ© de l’ouvrage, qui donne Ă comprendre la philosophie indienne pour ce qu’elle est, dans son contexte, et non par comparaison, ce qui la priverait de son sens et de sa force.