Michel Muscadier n’est pas seulement un homme de nostalgie , il est aussi un homme de symbole, oĂą les dates deviennent repères, organisant ainsi harmonieusement autour de lui le temps qui court. Son vœu Ă©tait-il ainsi de publier en cette fin 2014 ceux de ses poèmes auxquels il est le plus attachĂ©, soigneusement composĂ©s sur toutes ces annĂ©es et enfin rassemblĂ©s dans un recueil. Pour les quatre-vingt printemps d’existence et le demi-siècle de vie Ă Bangkok de cet Ă©ternel adolescent. Vues fugaces, impressions tout Ă la fois mystĂ©rieuses et proches, d’une plume toujours dĂ©liĂ©e et concise, Ă©clairage dĂ©licat et puissant de cette passion très française pour cette rĂ©gion d’Asie et les peuples qui la composent , les Ă©ditions Soukha ne pouvaient manquer Ă l’appel. Le lecteur, sĂ»rement, n’y manquera pas non plus. NĂ© en France en octobre 1934, parti dès 1954 vers des terres plus exotiques oĂą l’Inde et le Pakistan ne seront qu’une Ă©tape exploratoire – mais Ă´ combien rĂ©vĂ©latrice d’un ailleurs tout empreint de chaudes perspectives pour ce jeune homme peu enclin Ă la froidure trop probable qui se profilait pour lui dans nos contrĂ©es europĂ©ennes –, Michel Muscadier ne retournera plus que pour de courts et rares sĂ©jours en « mĂ©tropole », comme l’on disait alors. Après sa dĂ©couverte enthousiaste du Laos, du Vietnam et de la Birmanie – pays qui verront sa fibre pour l’Ă©criture se rĂ©vĂ©ler –, c’est en ThaĂŻlande qu’il se fixera Ă partir de 1964, quand il s’Ă©tablira pour de bon Ă Bangkok. CaptivĂ© de mĂŞme par cette « citĂ© des anges », qu’il cĂ©lèbre Ă son rythme dans les vers qui suivent, autant que par le royaume dont elle est la capitale et, Ă ses confins, ces terres d’Asie dès lors devenues siennes, Michel Muscadier n’en dĂ©laissera pas pour cela sa culture d’origine. D’abord enseignant Ă son compte et dans sa langue auprès d’une jeunesse thaĂŻe curieuse de notre civilisation, il collabora Ă l’Alliance française de 1964 Ă 1968 et fĂ»t recrutĂ© par le Ministère des Affaires Ă©trangères français pour diriger la CinĂ©mathèque RĂ©gionale pour l’ensemble des douze pays et territoires de l’Asie du Sud-Est, fonction qu’il ne quittera qu’en 1994 pour prendre sa retraite.