MalgrĂ© un mauvais dĂ©marrage lors des indĂ©pendances, l’Asie du Sud-Est a dĂ©jouĂ© les pronostics et rejoint dans les annĂ©es 1980 le « vol des oies sauvages » de la croissance asiatique. PeuplĂ©s de 600 millions d’habitants, les dix pays qui composent cette rĂ©gion charnière entre l’Inde et la Chine sont en effet engagĂ©s sur une trajectoire de croissance forte et bien plus rapide que celle des autres rĂ©gions du monde, Ă l’exception de la Chine.
Cette progression est d’autant plus Ă©tonnante que, dans les annĂ©es 1950, ces pays avaient un niveau de revenu proche de celui de l’Afrique subsaharienne, des institutions souvent dĂ©faillantes et des spĂ©cialisations primaires fragiles. Ni la gĂ©ographie, ni l’ouverture de ces Ă©conomies, ni la gouvernance n’expliquent l’essor de l’Asie du Sud-Est, qui a tirĂ© parti de sa position de carrefour de la mondialisation parce qu’elle avait engagĂ© les transformations structurelles indispensables au dĂ©veloppement et Ă l’industrialisation.
Dans leur diversitĂ©, ces expĂ©riences offrent des enseignements aux pays d’Afrique, d’AmĂ©rique latine ou du Moyen-Orient qui, Ă partir de conditions initiales similaires, ne sont pas parvenus Ă diversifier leurs Ă©conomies. Ce livre prĂ©sente les trajectoires des Ă©conomies d’Asie du Sud-Est dans une perspective historique et examine les changements institutionnels et dĂ©mographiques. Il analyse la dynamique d’internationalisation, l’impact de la colonisation europĂ©enne, les relations avec les Etats-Unis, le Japon puis la Chine, ainsi que les processus d’intĂ©gration rĂ©gionale.