« On a parfois dit que le chinois n’avait pas de grammaire. On l’a  cru parce que la part essentielle de cette grammaire est un jeu de gestes imaginĂ©s et sentis. Parce qu’ils forment un ensemble cohĂ©rent et simple, les Chinois n’ont jamais Ă©prouvĂ© le besoin de les signaler par des marques visibles dans leur Ă©criture et n’ont par consĂ©quent jamais explicitĂ© la grammaire de leurs langues comme nous l’avons fait des nĂ´tres. »Le sinologue Jean François Billeter publie simultanĂ©ment Les Gestes du chinois et L’Art d’enseigner le chinois, deux brefs essais indĂ©pendantsÂÂÂÂÂ, mais jumeaux.Celui-ci met en lumière ce qui est le caractère propre du chinois, et qui n’a pas Ă©tĂ© aperçu jusqu’ici : dans cette langue, dont les mots sont monosyllabiques et invariables, la phrase naĂ®t de gestes intĂ©rieurs qui les relient comme la phrase musicale naĂ®t du geste intĂ©rieur par lequel le musicien lie les notes de la partition. L’auteur montre que toutes les phrases que l’on forme en chinois naissent de cinq gestes et de leurs combinaisons. Il apprend au lecteur à les exĂ©cuter, sur des exemples,  car ce n’est qu’en les exĂ©cutant soi-mĂŞme qu’on les comprend – comme en musique.Les Gestes du chinois s’adresse Ă plusieurs catĂ©gories de lecteurs : ceux qui apprennent cette langue et qui l’apprendront mieux; Ă ceux qui l’enseignent et l’enseigneront mieux; Ă ceux qui, sans l’apprendre ni l’enseignerÂÂÂÂÂ, dĂ©sirent s’en faire une idĂ©e, par goĂ»t pour les langues; enfin Ă ceux qui s’interrogent sur le phĂ©nomène extraorÂdinaire qu’est le langage humain.