Aux Français qui viennent en 1860 de s’implanter dans cette région que l’on appelle alors la Cochinchine, aux bouches du Mékong, ce fleuve majestueux apparaît – à tort mais on ne le sait pas encore – comme la voie royale menant vers le sud de la Chine, ce pays qui fascine les imaginations occidentales comme étant un ! Fort de l’appui de l’empereur Napoléon III et malgré les réticences d’une bonne partie de l’opinion, hostile aux aventures lointaines, le ministre de la Marine, le marquis de Chasseloup-Laubat, également président de la prestigieuse Société de Géographie, décide d’une mission d’exploration qui remontera le Mékong, étudiera sa navigabilité et, plus discrètement, jettera les jalons de la présence française au coeur de la péninsule indochinoise. Malgré la déception éprouvée devant le constat de l’impraticabilité du fleuve, cette mission conduite dans des conditions pacifiques mais qui n’en sont pas moins héroïques rapportera une abondante moisson scientifique. Ses membres, dont le chef trouvera la mort presque au terme du voyage, s’inscrivent parmi ces pionniers qui ont fait avancer, en cette seconde moitié du XIXième siècle, la connaissance d’un continent asiatique encore mal appréhendé par la géographie occidentale.
