« Souvent, depuis le dĂ©but de notre relation, j’Ă©tais restĂ©e fascinĂ©e en dĂ©couvrant au rĂ©veil la table non desservie du dĂźner, les chaises dĂ©placĂ©es, nos vĂȘtements emmĂȘlĂ©s, jetĂ©s par terre n’importe oĂč la veille au soir en faisant l’amour. C’Ă©tait un paysage Ă chaque fois diffĂ©rent. Je me demande pourquoi l’idĂ©e de le photographier ne m’est pas venue plus tĂŽt. Ni pourquoi je n’ai jamais proposĂ© cela Ă aucun homme. Peut-ĂȘtre considĂ©rais-je qu’il y avait lĂ quelque chose de vaguement honteux, ou d’indigne. En un sens, il Ă©tait moins obscĂšne pour moi de photographier le sexe de M. Peut-ĂȘtre aussi ne pouvais-je le faire qu’avec cet homme-lĂ et qu’Ă cette pĂ©riode de ma vie. » Annie Ernaux.